La colère en sophrologie : cette émotion mal comprise qui peut devenir ton alliée
Tu connais cette sensation qui monte en toi face à l'injustice ?
Tu sais, ce moment où ton ventre se noue, ta mâchoire se crispe, et tu sens que si tu ne dis rien… tu vas imploser ? Ça, c’est la colère. Et en tant que sophrologue, tu la connais probablement trop bien.
Chez Marie, sophrologue installée depuis 5 ans, elle se manifeste quand un client annule sa séance à la dernière minute pour la troisième fois ce mois-ci.
Paulette prend alors le relai et s’emballe : « C’est toujours pareil ! Les gens ne respectent pas mon temps. Je bloque mon agenda, je prépare la séance, et puis… rien. Si je facturais comme un médecin, ça n’arriverait pas. Pourquoi est-ce que je me laisse encore faire ? Cette fois, c’est terminé, je vais instaurer des arrhes non remboursables en cas d’annulation tardive ! »
Chez Laurent, sophrologue qui anime des ateliers en entreprise depuis des années, c’est quand un DRH lui dit « On verra plus tard pour la suite du programme » après trois séances pourtant unanimement appréciées par les participants.
Pendant qu’il acquiesce poliment, Gérard lui raconte une toute autre histoire : « Encore une entreprise qui considère le bien-être comme une option ! Ils veulent des salariés performants mais refusent d’investir dans leur équilibre. Je devrais peut-être arrêter les interventions ponctuelles et me concentrer sur des programmes complets… Ou alors présenter mes résultats différemment, avec des indicateurs chiffrés qui parleront à ces gestionnaires ? »
Evidement, si tu n’es pas sophrologue, ça marche aussi !
Mais alors que faire de cette émotion puissante quand on est sophrologue, censé incarner calme et maîtrise ? Comment gérer la colère en situation professionnelle sans compromettre la relation thérapeutique ? Et surtout, comment la transformer en force motrice plutôt qu’en obstacle à ta pratique ?
L'étymologie de la colère : comprendre ses racines pour mieux la gérer
Le mot « colère » trouve son origine dans le latin « cholera« , lui-même dérivé du grec « kholê » qui signifie « bile« . Dans l’Antiquité, selon la théorie des humeurs d’Hippocrate, un excès de bile jaune était considéré comme la cause de l’emportement et de l’irritabilité.
Cette origine étymologique révèle combien la colère est viscérale, profondément ancrée dans notre physiologie. Quand on parle de « se faire de la bile » ou d’avoir « un tempérament bilieux« , on fait encore référence, sans le savoir, à cette conception antique.
Pour gérer la colère dans la cadre de ta pratique, comprendre ces racines nous rappelle qu’elle n’est pas qu’une simple réaction émotionnelle, mais un phénomène complexe qui engage tout notre être – un principe que toi, sophrologues, connais bien dans ton approche holistique de l’humain.
La colère : fonction et déclencheurs chez le sophrologue
La colère est une émotion primaire et universelle. Elle signale que nos limites sont franchies, que nos besoins ne sont pas respectés, ou que l’injustice nous révolte.
💡 Elle n’est pas « négative » en soi. Elle est avant tout un signal d’alerte. Elle nous pousse à agir, à dire non, à poser des cadres – compétences essentielles pour tout sophrologue qui souhaite gérer efficacement sa colère en situation professionnelle, tout en respectant les principes d’alliance thérapeutique.
Elle se manifeste notamment généralement par :
- Bouffées de chaleur, tension musculaire, rythme cardiaque accéléré
- Paroles dures ou au contraire contenues et refoulées
- Irritation visible ou agressivité passive dans la communication
Dimension personnelle : ce que ta colère révèle sur toi en tant que sophrologue
Quand Marie s’énerve après l’annulation d’un client, ce n’est pas seulement pour une séance manquée. C’est souvent une accumulation : l’incertitude financière du statut d’indépendant, le sentiment que sa profession n’est pas toujours prise au sérieux, la difficulté à équilibrer empathie professionnelle et protection de ses propres limites.
Dans ces moments, ses pensées se bousculent : « Est-ce que je suis trop accessible ? Pas assez ferme ? Suis-je vraiment légitime pour demander le respect de mon temps ? Les autres thérapeutes rencontrent-ils les mêmes difficultés ou est-ce seulement moi qui suis trop sensible ? Si j’étais plus établie, plus reconnue, peut-être que les gens respecteraient davantage mes horaires… »
La colère masque fréquemment d’autres émotions plus vulnérables : peur de l’échec, tristesse face à un manque de reconnaissance, déception quant à ses propres attentes. Gérer la colère en situation professionnelle commence par identifier ces couches émotionnelles sous-jacentes.
Elle parle aussi de nos attentes non exprimées et de nos blessures anciennes (sentiment d’injustice, expériences d’humiliation professionnelle…).
L’enjeu pour le sophrologue ? Accueillir la colère comme un message précieux, pas comme une faiblesse ou une contradiction avec ta pratique professionnelle de bienveillance.
Dimension professionnelle : la colère comme levier de transformation en sophrologue
Laurent, sophrologue donc qui intervient en entreprise, garde son calme apparent en rendez-vous avec le DRH, mais intérieurement il fulmine : « Encore une fois, on considère la sophrologie comme un simple « plus » facultatif plutôt que comme une vraie démarche de prévention du stress ! ».
Son dialogue intérieur trahit une frustration plus profonde : « Je suis fatigué de devoir constamment prouver la valeur de mon travail. Si c’était une formation en management, ils n’hésiteraient pas à débloquer trois fois ce budget. Pourquoi est-ce que je continue à me battre contre des moulins à vent ? Je devrais peut-être me spécialiser dans un domaine plus reconnu ou cibler uniquement les entreprises déjà sensibilisées… Mais abandonner le terrain, c’est aussi abandonner ceux qui pourraient vraiment bénéficier de l sophrologie… »
Dans la pratique de la sophrologie en tant qu’indépendant, la colère peut surgir dans de nombreuses situations :
- Quand un client remet en question tes tarifs ou compare tes séances à des vidéos YouTube gratuites
- Quand une entreprise te demande des interventions « miracles » sans s’engager dans une démarche globale
- Quand tu investis du temps et de l’énergie dans un accompagnement… mais que le client ne pratique pas entre les séances
- Face aux préjugés persistants sur les approches corps-esprit ou aux sophrologues proposant des tarifs anormalement bas
❌ Si tu refoules cette colère : tu risques l’épuisement professionnel, le ressentiment chronique ou l’explosion incontrôlée.
✅ Si tu apprends à gérer la colère en situation professionnelle : tu pourras l’utiliser pour poser des limites claires, ajuster ton offre de services, redéfinir ton positionnement professionnel, et même innover dans ta pratique sous l’impulsion de cette énergie transformatrice.
7 stratégies concrètes pour transformer la colère en atout pour ta pratique de sophrologue
- Reconnaître le signal précocement : « Je sens la colère monter. Qu’est-ce qui se joue vraiment ici ? »
- Mettre des mots précis (de préférence à l’écrit) : exprimer sans accuser, distinguer les faits de tes interprétations.
- Mobiliser ton corps : marche rapide, respiration abdominale profonde, étirements – la colère est d’abord physiologique.
- Identifier le besoin professionnel non respecté : autonomie, reconnaissance de ton expertise, équité dans la relation ?
- Transformer l’énergie en action stratégique : réviser les conditions de tes séance, clarifier ton cadre thérapeutique, adapter ta communication professionnelle.
- Créer des espaces dédiés à l’expression : supervision professionnelle, groupe de pairs sophrologues, journaling.
- Utiliser la technique des « trois temps » : ressenti immédiat → pause réflexive → réponse professionnelle adaptée.
Si tu es tenté de « faire comme si de rien n’était » par professionnalisme mal compris, rappele-toi que la colère niée ne disparaît pas – elle s’accumule et revient souvent en boomerang, affectant ta santé et tes décisions.
La dimension culturelle de la colère en entreprise
Selon ta culture d’origine ou ton lieu d’exercice, la façon dont tu es censé gérer la colère en situation professionnelle peut varier considérablement :
- Dans certains environnements, l’expression directe est valorisée comme signe d’authenticité et de leadership
- Dans d’autres, la maîtrise émotionnelle absolue est considérée comme la marque du professionnalisme
Le sophrologue avisé adapte sa stratégie tout en restant fidèle à ses valeurs et à son approche authentique.
La citation à méditer pour mieux gérer la colère
« Ce n’est pas la colère qui est dangereuse pour le sophrologue, c’est l’absence d’espace pour la comprendre et la canaliser. La colère ignorée devient toxique ; la colère écoutée devient carburant. »
Conclusion : fais de la colère ton alliée en sophrologie
Apprendre à gérer la colère en situation professionnelle n’est pas un luxe pour le sophrologue – c’est une compétence fondamentale qui renforce ta cohérence entre théorie et pratique. Cette émotion, lorsqu’elle est accueillie avec conscience et bienveillance (comme tu l’enseignes à tes clients), devient une boussole qui peut t’aider à :
- Clarifier tes limites et ton cadre thérapeutique non-négociable
- Identifier les ajustements nécessaires dans ta pratique professionnelle
- Renforcer ton authenticité et ton exemplarité en tant que praticien
- Protéger ton énergie et prévenir l’épuisement compassionnel sur le long terme
Et toi, sophrologues ?
Comment géres-tu ta colère dans ta pratique professionnelle ? Es-tu plutôt comme Paulette (sensible aux annulations et au manque de considération) ou comme Gérard (frustré par la perception superficielle de votre discipline) ?
Partagez sur Insta, si tu veux qu’on en discute : quelle situation dans ta pratique de la sophrologie déclenche régulièrement ta colère, et quelle stratégie as-tu développée pour la transformer en levier d’évolution professionnelle ?
Prends rendez-vous si tu veux gérer ta colère et mieux réguler.